Hommage Ă Howard Buten
Buffo
Sale temps pour les clowns !
Quelques jours Ă peine aprĂšs la disparition de Gilles Defacque, câest Howard Buten qui sâĂ©clipse en ce dĂ©but dâannĂ©e 2025. Lui qui en gĂ©nĂ©ral ne faisait rien comme tout le monde a disparu le 3 janvier, jour que les statisticiens dĂ©finissent comme Ă©tant celui du record annuel du nombre de dĂ©cĂšs. Il se trouve que câest Gilles qui avait accueilli, en tant que directeur du Prato, la derniĂšre reprĂ©sentation de Buffo en janvier 2011. « Bizarre, bizarre… comme c’est Ă©trange ! ».
Si le clown redessine le monde selon sa propre imagination, 2025 en France son pays dâadoption ou, pire, aux USA celui de ses racines, « il y a du boulot ! ». Peut-ĂȘtre nâa-t-il pas voulu connaĂźtre cela, mais peut-ĂȘtre aurait-il su, justement, trouver les mots, les gestes, les musiques justes ou encore le gag le plus inattendu pour nous rendre tout cela plus acceptable.
Howard Buten a Ă©tĂ© au dĂ©but de lâan 2 000 quand jâai crĂ©Ă© Ămile Sabord le premier artiste « accompagnĂ© », et ce compagnonnage artistique avec son personnage de Buffo – qui avait dĂ©butĂ© en 1987 avec le ThĂ©Ăątre du Galion – sâest poursuivi jusquâĂ ce quâil quitte la scĂšne en 2011. Heureuse Ă©poque que celle oĂč cet artiste donnait en moyenne soixante Ă quatre-vingts reprĂ©sentations par saison.
Autant Howard pouvait ĂȘtre lumineux sur scĂšne, autant il pouvait ĂȘtre parfois mutique en tournĂ©e, protĂ©geant soigneusement ses pensĂ©es qui nous seraient de toute façon inaccessibles. Il gardait toujours cette part de mystĂšre que trente-cinq ans de compagnonnage nâont que rarement pu percer exceptĂ© sâil laissait sâĂ©chapper de sibyllines bribes de phrases telles : « Je connais bien les enfants, jâen ai Ă©tĂ© un » ou « Je ne ressens aucun plaisir Ă ĂȘtre sur scĂšne, mais une fois le spectacle terminĂ©, je suis trĂšs heureux de lâavoir fait ».
Aujourdâhui il nous quitte dĂ©finitivement, « le clown se meurt » chantait Giani Esposito. Le clown est mort, mais, je lâavoue sans fausse modestie, je suis fier et heureux pour Ămile Sabord dâavoir pu mĂȘler notre aventure Ă la sienne. Alors « Salut lâartiste ».
Pierre-Yves Maby
fondateur dâĂmile Sabord